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Compagnie Le Vent d'Est-------

Rhône-Alpes depuis 2003------

Décor : Atelier Marianne. Costumes : Clara Vienguet, Mania Viton.

Lumières : Remi Moulin. Technicien Son : Ernest Njiwhi Maximuangu

21H 15. Alibi Théâtre : 27 rue des Teinturiers---

Du 8 au 31 juillet 2004. Durée : 1h35

1917 : "VIVE LA REVOLUTION D'OCTOBRE ! Prolétaires de tous pays unissez-vous pour Lénine. Vive l'amitié inaltérable des peuples Soviétiques ! Vive le communisme !"
Après 1991 : logique monétaire: "Il parait qu'en Europe on peut devenir riche en une demi-heure. Si vous avez de l'argent vous pouvez résider SANS travailler. Si vous voulez avoir un contrat de travail, il ne doit pas entrer en concurrence avec nos travaux etc...".
Le spectacle est dense, balaie l'histoire, du début du communisme et son idéologie, à la chute du mur de Berlin, jusqu'à l'Europe d'aujourd'hui. Avec ses conditions (ou interdictions) de travail pour les émigrants.
Il y a toutes sortes de figures d'émigrants.
Et toutes sortes de personnages incarnant les systèmes de réglementation actuels qui ont des similitudes avec ceux d'Avant ouvertement totalitaires, sous les apparences de vastes réseaux d'aides et de droits pour tous.

L'assistante sociale, fière et contente de sa fonction... Qui consiste surtout, après avoir informé de la belle machine Française et sa palette de possibilité, de répéter inlassablement face à toute demande d'aide concrète aussi urgente soit-elle : "Nous ne pouvons rien pour vous !" (débrouillez-vous, voyons !).
L'employé ANPE qui n'a pas de travail à proposer, mais propose de bâtir des projets pour en avoir.
La vieille fonctionnaire pleine de poussière et de rêves étouffés qui n'a le droit que de tamponner le mot "Rejet" sur les formulaires.
L'émigrant étudiant éternel, qui passera sa vie à fournir des papiers pour faire renouveler sa carte de séjour.
La jeune femme qui a trouvé le moyen le plus simple : se marier et avoir un enfant, pour acquérir la nationalité Française.
Les émigrants qui se sont enfuis de chez eux, poursuivis par la mafia, la misère ou la guerre.
La grosse femme, devenue ici femme de ménage, qui avait dans son pays, métier, maison, amis, et qui rêve de rentrer. Mais qui s'aperçoit, désespérée, que ses enfants nés ici n'auront aucun avenir dans son pays où ils ne connaissent même pas la langue.
Celui qui doit utiliser les services d'un interprète et s'énerve à devoir inlassablement répéter son histoire, à laquelle personne ne croit (ce qui donne lieu à des quiproquos irrésistibles).
La jeune artiste qui parle parfaitement français, à étudié la culture du pays, et qui malgré diplomatie et patience, voit sa demande inexplicablement tout de même rejetée.

Et la dame, riche émigrée Russe (incarnée par un homme), aux grandes robes et petit chien (col de fourrure) à ses pieds, qui découvre la France  : "Un pays formidable. Devant tous les magasins il y a des gens, assis par terre avec des chapeaux et des pancartes où il est écrit "A manger !".

Ils nous proposent et même insistent, pour nous donner quelque chose à manger ! (mais moi j'avais déjà dîner...)".
Il est étonnamment ravie de voir ce pays où : " Tous sont si gentils ! Les gens sont toujours souriants... Ils disent Bonjour ! Tout le temps, à tout le monde et à toutes occasions... Bonjour ! Bonjour... ! De retour en Russie, un jour j'ai dit Bonjour ! à une boulangère. Elle m'a regardé fixement pendant dix minutes... Puis elle à finit par m'interroger : ON-SE-CONNAIT ?? ".

C'est très drôle, hilarant, et je partage tout à fait sa surprise ! Je suis moi aussi très étonnée de cette coutume qui vexe terriblement bon nombre de gens si on y déroge !

 

C'est un spectacle où on ne peut s'empêcher de rire et d'être heureux, notamment par la mise en jeu de situations très actuelles, d'ordre bureaucratique et humaine (avec émotion poignante à certains moments).
De nombreux petits détails inattendus rendent les personnages d'ex Russie avec leurs particularités, et ceux de notre société française, plus vrais que nature.
J'imagine une écriture impliqué et personnelle de la pièce par l'auteur, pour cette histoire intelligente et drôle.
La chanson de Fin dit en substance : "Emigrez, Emigrez ! Gens de tous pays, de toutes religions et professions... Professeurs, Artistes, Etudiants, Profiteurs... Emigrez, Emigrez ! dans un pays et/ou dans un autre...

Utopie Communiste ou Utopie Européenne. Venez chercher Votre bonheur idéal, là ou vous voulez le trouver !".
Des centaines de papiers tous jetés en l'air, jonchent le sol comme des feuilles libres à tous vents.

 

jeudi 22 juillet 2004