spectacles 2004

THEATRE EN MOTS.COM/ Festival d'Avignon OFF 2004  

 

 

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Mise en scène : Luc Dumont
Décors : Chritine Flasschoen
 
Avec : Aude Lorquet et Julien Collard
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Théâtre: Création saison
TRENTE-DEUX/DIX
de Luc Dumont
Zététique Théâtre-oo--
Belgique depuis 1986             

 

 

 

13H. Théâtre des Doms : 1 bis rue des Escaliers Sainte-Anne
Du 8 au 28 juillet 2004, relâche le 19. Durée : 1H10-

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Ils sont jeunes, talentueux, tout est "vrai" du début à la fin, dans tous leurs gestes et tous leurs mots.
 
Egon et Carla sont ensemble depuis : -"5 ans déjà ?!". -"Le quart de ma vie" dit Egon. -"Tu es vieux!".
Ils se remémorent et revivent les souvenirs qu'ils ont chacun, du moment de leur rencontre. Les numérotent dans un cahier d'école :
-"Oh... j'ai perdu mon troisième souvenir..". -"Est-ce que j'ai droit à un souvenir tout seul ?". -"Oui, si c'est en rapport avec nous deux !".
Mouvants, mobiles, légers et sérieux dans la détermination de leur jeunesse, là ils sont allongés par terre, les pieds en l'air, tirant leurs langues et leurs stylos. -"J'ai plus d'encre..." , dit elle en regardant ses doigts (plein d'une encre invisible).
Leurs notes rassemblées, chacun écrit son souvenir en grand, à la craie sur une palissade : Lui : "1) Rembarde". Elle : "2) Rembarde 2".
-"On s'était jamais vu, la première fois" raconte Egon : "Une rembarde, une franche pluie".
Carla : -"J'avais rien d'une Julia Roberts. Il avait pas de quoi faire frôler l'extase... un oeil à moitié fermé, sous la pluie... J'étais dans ce quartier que je connaissais pas...". "Il ne s'est pas enfui, ça m'a suffit. Je tremblais moins".
Elle vient s'asseoir tout au bout d'une rembarde où il est accroupi...
Ils s'épient sans en avoir l'air (elle le regarde pleine d'envie). Elle met un foulard sur sa tête.
-"Elle ressemblait à Mère Thérèsa comme ça. Elle essayait de bloquer sa respiration ! Elle disait rien. Et la pluie s'est arrêtée" , se souvient Egon .
Carla : -"Deux jours plus tard Egon était de nouveau sur la rembarde. J'ai pensé qu'il en avait pas bougé...".
Carla est habillée aux couleurs américaines, du bleu, du rouge, des lettres inscrites sur son T-shirt.
 
Lui n'aime pas lire, il ne comprends pas qu'on puisse aimer ça sans y être obligé. Mais il aime bien en fait, qu'elle aime ça.
Il sursaute dés qu'on le touche, mais en fait il aimerait bien je crois.
Il dit qu'il n'arrive pas à comprendre les filles, ni les rapports amoureux entre humains. -"Même les animaux savent faire. Etre naturel ? Pas si simple (de faire ce dont on a envie... quand on l'a jamais fait, quand il s'agit de rapport amoureux).
-"J'AI PEUR D'AVOIR BESOIN DE TOI" dit Egon.
Carla aussi pense ça : -"Moi aussi je voudrais bien, mais je veux pas".
Il est malheureux. Il a plus peur qu'elle pourtant, des sentiments. Elle est plus prête à les vivre. Ils ont les mêmes envies, des peurs, et des façons de les exprimer.
Egon comme la lumière, Carla comme Carla 32.10 sur les autoroutes. Chacun fils et fille unique.
Pour impressionner l'autre, ils s'inventent des histoires de familles extraordinaires. Le père de Carla n'est pas un chef d'orchestre américain et Egon n'est pas né sur un rafiot chinois. -"J'ai bien aimé ton histoire" dit l'un, à l'autre (et l'important n'est pas là).
 
Une rencontre, comment on arrive à s'approcher, se parler. Se toucher... mais là c'est tellement difficile... Le coeur battant. Parfois on dit rien, on peut pas. Faire comme si de rien n'était, tellement c'est magique. Même (et surtout) si on est très attirés.
Parfois aussi, on s'aperçoit après, que c'était un moment inoubliable. De toute façon, ne pas le dire sur le moment, sinon ça pourrait s'arrêter, on aurait peut être trop peur de continuer.
C'est si fort d'être assis là, l'un prés de l'autre, même si tout les deux on veut pas avoir l'air d'y faire attention, qu'on fait même la tête.
L'amour qui débute quand on ne c'est pas très bien ce qui se passe, ni les désirs de l'autre. Juste une envie très forte de VOIR l'autre.
 
J'ai retrouvé ce que j'ai vécu, dans cette histoire. J'ai compris les réactions de l'autre à travers celle d'Egon. Compris que ce qu'on vivait tout les deux, était sans doute aussi important pour lui que pour moi, finalement. Ce dont je doutais à l'époque, ne comprenant pas ses réactions. Je comprends mieux aussi les miennes.
C'est un réel bonheur de pouvoir revivre ces moments si forts, à travers ces deux jeunes comédiens.
 
 
samedi 17 juillet 2004