festival2011

Théâtre En Mots critiques de théâtre et des arts de la scène

 
Théâtre forain
La Maroxelloise agence de voyages
 
de Jamal Youssfi

Compagnie des Nouveaux Disparus

 

Mise en scène :   Jamal Youssfi
 
Avec : Maria Abecassis de Almeida, Saé Bahaé, Virginie Gardin, Yannick Guéan, Ben Hamidou, Hakim Louk'Man, Seloua M'Hamdi, Marie Sottiaux

Scénographie : Alina Santos

Lumièes : Renaud Ceulemans
Son : Paul d'Artet
Costumes : Hayat Youssfi

Production : Jacques Remacle

du 8 au 28 juillet 2011
(relâche  les 14, 20)
 
à 21H,
sauf le dimanche à 16H
 
  Chapiteau Théâtre Fou
(ex Mazouing) Ile de la Barthelasse
Promenade Antoine Pinay
Réservation : 04 32 75 15 65
 
 Durée du spectacle : 1H30
 
 

La Compagnie des Nouveaux Disparus -de Bruxelles- vous invite à un voyage hors du commun dans un bus aménagé en salle de spectacles (ou l’inverse): de la Belgique vers le Maroc, transitant par la France et l’Espagne. Le trajet s’annonce compliqué et semé d’embûches… La route n’est pas encore entamé que les chauffeurs se disputent le volant. A travers cette comédie, les Nouveaux disparus vous font vivre une aventure hors du commun dans un espace très spécial, familial, convivial…

 

 

 

 

Nous allons embarquer, depuis Bruxelles dans ce bus rouge pour Tanger. La pièce commence alors que nous attendons, ticket à la main d'y entrer. Les comédiens sont mêles aux spectateurs. Un frigo attends pour être embarquer à bord, un responsable du voyage s'enquiert de son propriétaire, l'objet est interdit dans le bus. Qu'à cela ne tienne, devant les protestations de la foule qui s'en mêle, il entrera tout de même. La pièce est jouée dans un très vaste espace sur roues mi bus mi container avec un large couloir, des bancs aux deux extrémités orientés vers le centre. Il y a une cabine de type locomotive pour le chauffeur, au dessus de l'entrée principale un  hamac où sont rangés les bagages, le frigo etc... Les retardataires (dans la pièce) verront leurs sacs lancés là haut, à moins qu'ils ne tombent à coté à l'extérieur !
Il y a un vrai texte, de vrais comédiens. Leurs visages et leurs personnages qu'on aime tous, restent en tête après le spectacle. Les comédiens mêlés aux spectateurs les impliquent, venant jouer leurs rôles et discuter en aparté avec certains. Les scènes font rire, réfléchir et regarder différemment, en "vivant" les choses donc en les comprenant. Une pièce dont on ressort heureux et dépaysé sur l'air de "Do you do St Tropez" remplacé par "Do you do... à Tanger" dansé dans la travée du bus par les acteurs.
 
Les figures représentées et à l'occasion leurs thèmes : La place des femmes. La mère qui surveille sa fille adulte. Les filles qui vivent à l'européenne comme leurs mères, revendiquent leurs droits à disposer d'elles mêmes, et finissent par se réfugier aux toilettes pour discuter -un lieu fréquenté par différents personnages voulant être tranquilles et poliment s'esquiver-. Bravo aux deux comédiennes principales de ce rôle. L'excès. De la fraternité on en vient vite à la dispute, voire au couteau. La corruption. Le bakchich comme obligation de vie habituelle. Il faut payer 50E aux douaniers, même Français, ceux-ci cherchant à les immobiliser avec de fausses raisons. L'entraide. Nécessaire, bien que pas n'allant pas forcément de soi. 50E doivent être remboursés au passager qui les a prêtés. Pourquoi ne pas se cotiser : 2E par personne ? Ce sont les passagers qui répareront le bus lors de sa première panne, mais à la seconde, trop coûteuse,  ils seront sollicités... pour pousser le bus jusqu'au bateau. Lorsqu'il manque un second chauffeur c'est encore le prêteur qui se propose, ayant le permis adoc. Puisque Madame -n'est-ce pas elle qui est appelée MadameMonsieur par quelqu'un qui lui dit bonjour ?-, flamande habillée de cuir à casquette rock prévue comme deuxième conducteur, qui voulait "Conduct" en premier, a claqué la porte. Le religieux. Le chauffeur- prêteur, habillé à l'européenne, au bout d'un moment dans ce bus vers le Maroc, mets d'amples habits légers et blanc. Et finit, sous les protestations, par tenir des propos rigoristes d'un Islamisme dépassé. Le belge de souche. Aime rendre service et concilier tout le monde. Comme les autres passagers il vit la moitié du temps en Belgique et l'autre au Maroc. L'humanité changeante : Revirement des personnages suivant la situation (excès). La double identité. La recherche de ses racines pour une jeune fille qui n'a encore jamais mis les pieds au Maroc, et le questionnement de certains sur cette double vie qu'ils mènent, double maisons, double aménagements, à cheval sur ces pays qui sont les leurs. Ainsi que d'autres figures comiques et touchantes.
 
Je crois pouvoir dire qu'il n'y a rien d'exagéré dans ce spectacle, et c'est une belle chose que d'avoir su le rendre ainsi. La Belgique et le Maroc semblent partager cette notion d'entraide et de solidarité, de débrouille face à l'adversité. Et d'amour et de fierté de ses racines, dans un métissage de tolérances allié à un sentiment d'appartenance. Au pays où l'on vit. Et celui d'où on vient. Dans un aller retour qui fait parti de soi. Une formidable pièce de théâtre !

lundi 18 juillet 2011