Petite musique classique, des robes
à jupons suspendues, une grande table en bois en guise
d'établi, sur laquelle est assise la couturière
ébouriffée de l'affiche du spectacle. Par mime et
interjections, sans paroles compréhensibles (donc,
international), la couturière proche du clown tente
d'enfiler une aiguille, et se pique le nez en cousant. Dans un ballet
désordonné en apparence, évoquant par la mise en
scène et la musique, la valse des petits pains de Chaplin, elle
extrait à grands coups de ciseaux géants plongés
dans une poubelle regorgeant de tissus, une robe de poupée
minuscule, miniature de celles qui se trouvent à coté sur
des mannequins sans tête.
La couturière qui pourrait paraître gauche et
travaille d'une façon qui n'appartient qu'à elle pour
concrétiser ses réalisations, si elle n'a pas
beaucoup de mots pour s'exprimer, ne manque pas d'humour
ni de coeur. Irrésistible quand elle demande à
quelqu'un dans le public, une cigarette, puis tout le
paquet, et, lisant à haute voix ce qui y est
écrit : "fu-mer-tue?!", crie : "assassin !!".
Touchante lorsque que son travail terminé, elle
cherche l'âme soeur, sans les armes et l'habitude de
ce genre de pratique. Et tente de se rapprocher
timidement de l'homme du public convié... qui s'en va
lorsqu'elle se retire pour se préparer à une nuit à
deux. La couturière le soir venu s'endort, et dans
un miroir psyché, son double apparaît, dans les
étoiles, qui s'envole au travers de l'univers. Pareille
à -et en compagnie-, d'un oiseau enfermé le jour dans
une cage ronde en fer, figurine de chiffon,
qui devient dans le miroir-vidéo de ses rêves plus
ou moins agréables ou terrifiants suivant ce qu'elle
a vécu dans la journée, un personnage de bande
dessiné.
Pour le final, sous une musique
d'opérette, la couturière danse sur la table, faisant
virevolter les mannequins accrochés au dessus,
décrochent leurs robes à volants, coupe leurs attaches faits de
rondelles d'acier qui tombent au sol. Puis
tends à la place un tissus, pose un drap contre
elle, elle
lève les voiles.
Gardi Hutter salue et sous le
masque enlevé (au figuré) de son personnage, se
découvre, la comédienne, le travail d'un (une)
véritable comédien (nne), qui enchante par son talent, pour
créer un personnage et un univers.
Une jolie pièce de théâtre, dont on ressort heureux,
avec le souvenir de la poésie et de l'humanité d'un
univers décalé, empreint finalement de bonnes notions
pour
la vie de tous les jours.
Dimanche 15 juillet 2012
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