Festival 2012

Théâtre En Mots critiques de théâtre et des arts de la scène

 
Théâtre/cirque contemporain
Wasteland
 
de Rosa Matthis
 
 

 

Avec : Rosa Matthis

Mise en scène : Patricia Barakat

Vidéo : Deborah Kempczynski, Barrack Rima
Musique : Julien De Borman, Martin Kersten
Lumière : Dominique Martens, Valentin Boucq
Son : GumStudio

Diffusion : Manuela Leone

Théâtre des Doms
 
à 16h
du 8 au 28 juillet 2012
 relâche le 16

Durée : 45mm

Réservation : 04 90 14 07 99

       
Production Cirque Barbette avec le soutien de Latitude 50, l'Espace Lumen, le Théâtre des Doms, la Maison de Cirque,
le C.A.R  (Centre des Arts de la Rue), le Centre Culturel d’Eghezée et le Festival de Chassepierre. Aide à la recherche: SmArt ASBL.

 

 

 

"Manipulations et équilibres sur fil mou. Rosa Matthis explore le monde sur son fil, les yeux grands ouverts. Expérimentant ici la ville, lieu des possibles, son personnage manipule tubes et cordes, crée des formes, cherche des équilibres, se fabrique un espace à lui. Wasteland est un hommage aux terrains vagues : donneurs de souffle et de contretemps, appels au vide et au plaisir du non-sens. Wasteland franchit les frontières du réel pour explorer cet espace d’incertitudes au cœur de l’urbain."

 

 

 

 

Une superbe pièce. Une ode au bien être procurée par les espaces encore en friches qu'on peut trouver dans les villes. Une ode à la liberté dans ces espaces où l'herbe pousse, entre les immeubles, lieu d'un entre deux entre parenthèse. Un moment de représentation à part, à la fois vivant, énergétique et zen. Particulièrement Bruxellois. Cette capitale qui a gardée de la chaleur humaine entre les gens, un vivre ensemble en harmonie où il fait bon vivre, permettant de faire éclore la plus riche créativité à partir des choses les plus simples.
 
Une pièce qui j’espère sera jouée longtemps car c'est magnifique, porteur de sens, esthétique, dense et paisible.
 
Des notes de musique, intenses et prenantes, égrènent le temps de ce qui est vécu. Des images vidéos telles des photos, ancrent la scène dans ce contexte urbain particulier, de rues, de couleurs des feux, de façades interminables et lézardées, des plantes qui poussent en liberté, d'une végétation parmi laquelle des gens vont et viennent au pieds des immeubles de béton gris, des ciels du soir au moment où le soleil se couche.
 
Une jeune fille aux cheveux blonds attachés, en jean et débardeurs bleu et rouge, arrive, parmi une scène surmontée de deux écrans sur les cotés, projetant deux photos noir et blanc, représentant des maisons et des croisements de rues avec des fils électriques au dessus. Sur le sol des tubes d'acier très hauts, que nonchalamment elle tient élevés, à l'aide de cordes comme pour de l'escalade en montagne. Par un savant équilibre aléatoire (fil mou), les montants lui permettent, funambule en équilibre sur un fil, de grimper au sommet. Depuis son arrivée, les photos noir et blanc sont maintenant en couleur, ce sont des images vidéos. Ensuite depuis des herbes hautes où se trouve la caméra, on y voit des gens qui passent, petits points devant des immeubles, pressés, ou  revenant sur ses pas comme cet homme qui vient de croiser une femme.  L'ambiance sonore est faite de chants d'oiseaux et d'arrière bruits de ville. C'est très beau.
 
Cet univers, semble être le cadre quotidien de la jeune fille, qui profite comme elle peut de l'espace offert. Pour grimper et voir plus haut, ce qu'il y a au dessus des maisons, s'inventer des défis, tester de nouvelles choses, trouver son équilibre (au sens propre et figuré). A l'aide d'une vieille chaise à trois pieds dont elle tente de faire tenir le quatrième, qui l'aide à stabiliser ce qui lui servira à grimper. Un socle, qu'elle décore pour l'heure, de petites lanternes colorées, qui s'éclairent le soir venue, tandis qu'une image vidéo des toits à la tombée de la nuit, pose l'environnement de ce parking abandonné en dessous, petite parcelle de lieu de fête personnel, à l'abri du tumulte de la ville apprivoisée. Sur les images d'une vidéo, en plein jour cette fois, dans la nature, elle ramasse un à un des tessons de verres blancs oubliés, qu'elle dépose dans une boite. Sur scène elle amène cette boite, dépose son contenu sur le sol, tels des diamants étincelants parsemés en dessous du fil sur lequel elle commence une nouvelle  ascension. Ce fil, tenu, au hasard des possibilités offertes par l'endroit où elle se trouve, lui sert aussi, de hamac, et de terrain pour des cabrioles (sur le fil). Dans cet espace naturel, celui où elle se trouve bien, pouvant s'exercer sur un fil, dans l'air comme sur terre, dans ces espaces au cœur du monde, mais en dehors de l'agitation et des restrictions (d'espace) urbaines.
 
Les éléments sont ses compagnons, telle la chaise réparée, sur lequel un moment, elle voudrait bien voir un amoureux à ses cotés, sur un fil bien sur lui aussi. Où le mime rejoint le cirque et la voltige.
 
Un moment de théâtre contemporain dans sa belle expression.

 

Samedi 28 juillet 2012