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Théâtre 
L'ami des belges
de Jean-Marie Piemme
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Compagnie Impakt
 
 
Mise en scène et interprétation : Fabrice Scillaci 
 
Mise en jeu : Jean Lambert        Assistante : Elsa Poisot
 
Scénographie, costumes : Catherine Somers

Lumières : Ophélie Kern
Son : Vincent Cahay 

Chargée de production : Dominique Gaul
Diffusion : Virginie Demilier


 L'ami des belges

 

Les Ateliers d'Amphoux
         10-12 Rue d'Amphoux         

(depuis la place Pie, Rue Thiers, 2éme rue à droite)

à
12H30....
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du 6 au 28 juillet 2013
relâche le 14, 22
 


Durée : 1H10

Réservation : 
04 90 86 17 12


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Impakt cie  : cette nouvelle compagnie souhaite s’inscrire dans la création de spectacles exigeants, singuliers, qui interrogent notre époque et ses multiples réalités,  ceci à destination d’un public  le plus large,  « L’ami des Belges » en sera le premier spectacle.
 
Production  : Cies Nova et Impackt.   Aide : des Ateliers de la Colline-Théâtre de la Communauté, le Théâtre de la Place( Liège), la Cie Nova  (Paris), le Théâtre de Saint-Denis (Mons).
 

 

 

L'ami des Belges est une farce contemporaine qui dit l'arrogance des nantis, un spectacle exutoire, une grimace irrévérencieuse adressée aux puissants de ce monde.  Partition pour un acteur, Fabrice Schillaci prends une fois de plus à bras le corps la langue vivifiante de Jean-Marie Piemme, l'auteur de "Dialogue d'un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis" (succès 2008 au Théâtre des Doms à Avignon, et  joué au Théâtre du Rond Point à Paris en 2010).
L'auteur se positionne avec humour grinçant, du coté des riches -Français-, qui mènent le monde, peut importe leurs personnalités et leurs lubies. Persécutés en France parce qu'ils sont riches, obligés de chercher asile, dans le petit pays frontalier, la Belgique.

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Fabrice Schillaci est un interprète parfait, assez génial, pour incarner avec finesse le personnage né de la plume de Jean-Marie Piemme, "L'ami des Belges". Schillaci se sert d'un physique avec lequel il peut faire facilement affleurer un côté beauf, allié à son jeu sans faille. Ce grand comédien, pas si grand de taille, engoncé dans des habits étriqués qui font penser à bon escient à ceux Molière, avant de reconnaître le costume du Gilles de Binche l'innocent frondeur, nous met en chair et en os en présence du type d'homme qu'il incarne dans cette pièce. Les images données par les mots, parfont brillamment le décor et le contexte d'un personnage, qu'on voit se profiler en quelques phrases, au caractère savamment analysé, défini. Un texte, et une très belle interprétation par le comédien fétiche de Jean-Marie Piemme (qui incarnait le chien, dans sa précédente pièce "Dialogue d'un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis"). 

Fabrice Schillaci incarne avec une superbe conviction et un humour qui humanise, un type d'homme, riche, tout puissant où se le croyant. Aux mêmes faiblesses humaines que tout être humain, en proie aux mêmes sentiments que sont le désir, l'envie et la peur, de l'inconnu, ou de ce qui manque. Ce mis à part que l'inconnu qui fait peur ou ce qui manque, pour une personne riche et puissante, n'a rien à voir avec les manques et les peurs de quelqu'un sans argent et sans pouvoir. Ce dont veut parler, entre autres, la pièce.

Le personnage de "l'Ami des Belges" oscille de l'émouvant au ridicule, du salaud à l'homme normal. Un même homme n'est pas vu de la même façon suivant le milieu dans lequel il vit. Et n'est pas non plus le même partout et en toutes occasions. Double, comme les aiment Jean-Marie Piemme, pour illustrer la nature humaine, se moquer de ses travers, souvent chez lui en prenant le parti du mauvais (pour mieux le montrer ?).

Que pourrait-on trouver de touchant chez cet homme, mis à part le fait qu'il soit ridicule ? Ses arguments peut-être, et c'est là ce qu'aime l'auteur, que les deux camps puissent se poser des questions. Car comme il le dit, c'est bien dans la nature humaine que de vouloir payer moins d'impôt.
Si on n’est pas en effet, un Vrai socialiste, concerné, par la vie des autres. Après avoir résolu la corruption, les privilèges et les perversions, que s'octroient tous bords confondus les membres d'administrations, avec complicité ou demandes de l'état via son service de Renseignements. Ou les actes résultants de consultants, consultés par des entreprises sans conscience morale, avec aval du gouvernement qui fait les lois. Ce qui n'est pas fini d'être le cas.

Un soir sur une route déserte, un homme accompagné de son chauffeur, tombe en panne. Un bien joli paysage de petites routes est décrit, tandis que le personnage n'y voit, qu'odeurs d'air pur et de campagne qui le dérange et lui font peur. L'homme de la ville dit qu'il exècre aussi Bruxelles et ses embouteillages, se moque des Belges, mais voudrait bien y vivre -ce voyage a pour but de l'y conduire-, pour ne plus, ou moins, payer d'impôts.
Comme il est difficile d'afficher son mépris, appris sur clichés, envers un pays où la fiscalité répond à ses désirs expansionniste financier, il avance, conseillés par ses conseillers, un amour pour certaines figures du folklore et de la culture Belge. Ainsi, il endosse le costume à clochettes du Gilles de Binche, et chante des chansons qu'il connaît par cœur
, ce qui le rends à nos yeux un moment, plus humain. Des chansons du grand Jacques Brel dont il est si éloigné, mais chez lequel il trouve un parallèle d'expression de tristesse, face à l'injustice qui l'accable, dans la difficulté qu'on lui oppose pour obtenir la nationalité du pays sans impôt.

L'homme pour ce voyage, est accompagné, outre de son chauffeur qu'il méprise puisqu'il est chauffeur et qu'il ne se gêne pas d'insulter, de son biographe personnel. Cela fait chic, lui a-t-on dit, il est d'accord de trouver normal, pour un homme comme lui, dont le sort dépends tant d'entreprises et de personnels, d'écrire un livre sur lui-même. Pour cela, il lui faut un nègre, dit-il. Homme parvenu, il ne saurait faire ça lui-même. Il raconte, à cet autre employé à peine mieux traité que son chauffeur (et dont le titre de sa fonction n'aide pas, face à tel commanditaire, arrogant, cynique, sans culture) que depuis tout petit il rêvait d'être citoyen Belge. A cette occasion face à nous, se déroule une galerie de portraits de sa famille, où s'affrontent, les effrayés d'un tel projet qui souillerait leur fierté d'être Français, et l'autre camp plus compatissant face à cette "fantaisie", du petit enfant, futur puissant de ce monde.

Les décors sont agréablement choisis, avec une justesse précise, efficace, pour en peu de choses, ajouter ce qu'il faut. Pour, rêver, devant un beau ciel bleu à nuages floconneux, typique des pays du Nord. Ajouter du ridicule bucolique avec un faux arbre à petite feuilles dans un grand pot (qui donne, en début de pièce, un coté ballet de Tchaïkovski) pour évoquer la campagne. Positionner le personnage, dans un grand fauteuil rouge (de théâtre) où est installé le petit homme. Préciser son sujet, tandis qu'à sa droite, semble attendre son costume-armure de Gilles de Binche, rouge lui aussi, à clochettes tels des pompons, costume qui posé de coté, évoque un habit de Molière. Non loin de lui, un club de golf, pour indiquer une époque moderne. Un décor, dans la pénombre d'abord. Jusqu'au déroulement depuis le plafond, de deux panneaux de papiers peints, de ciels bleus façon peinture à l'huile, occasion de jeu pour le comédien qui passe la tête entre les deux lais. L'homme dit aimer Van Gogh. Homme dans les nuages des hautes sphères, que sa position d'homme riche.

La sympathie et l'humour dégagé par Scillacci, fait que le personnage cynique est devenu drôle. Car on est dans une farce façon Molière, sur le ridicule, de ces gens là.


Samedi 27 juillet 2013

 


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