- Un Piemme nouveau ca ne
se rate pas. C'est riche et complexe, toujours enlevé, surprenant,
choquant par touches acerbes, dramatiques, riches en
descriptions, en formules, en univers qui s'imposent à nous, disséqués, avec des sentiments humains contradictoires, et l'observation
de métiers qui habillent les héros de l'histoire. Après le récit du «
Chien qui voulait mordre ses amis», évoluant dans le monde des
gardiens, ici c'est celui des pâtissières qui sert de support à la
littérature. Les pâtissières sont savamment habillées, coiffées,
maquillées, façon gâteaux de grandes pâtisseries d'autrefois, d'un
genre raffiné comme appétissantes tartes à la
crème.
- Parce que les trois
soeurs n'ont pas voulu vendre, de la quiche lorraine, des sandwichs,
des loukoums et baklavas, elles ont du finir par vendre leur pâtisserie. Elles
auraient bien voulu que leur repreneur renonce à son achat, mais il ne l'a pas fait.
Tout vendu, leur maison, leur magasin, les outils, les meubles.
- Ces
pâtissières sont Belges sans accents, sauf lorsqu'il s'agit d'imiter le
petit commissaire de police de leur petite ville, dont la taille est adaptée à
celui ci. Il y a un toujours un humour féroce chez Piemme, et
à la fin, ces trois dames âgées, retraités, de la Pâtisserie Charlemagne,
pourraient bien être des empoisonneuses, qui n'ont pas fait qu'imaginer,
en le souhaitant, le crime dont elle parle, et pour lequel elles sont
convoquées au commissariat avec questions, sur un de leur bon client
disparu.
-
- C'est une de ces pièces où il
faut tout suivre avec attention, sinon on risque de rater des clefs
de l'intrigue, sur les rapports au monde de personnages hors normes,
issus des conditions les plus simples.
- On peut voir, la force que peut
donner la vie intérieure et personnelle, de ces trois soeurs
unies, ce qui leur fait passer au second plan les souhaits et
demandes, du propriétaire de leur maison de retraite, plutôt sympa
néanmoins car on est en Belgique, dont elle parle avec une royale
condescendance.
- On pense en les entendant et en
les voyant, à ces personnes ancrées dans leur territoire, repliées
dans leurs identités, qui voient d'un pas très bon oeil, l'étranger,
ce qui change. Pourtant celles-ci, ont vues passer beaucoup de
monde. Elles se souviennent des amants qu'elles ont eues,
parfois en commun. L'une rêve encore de princes charmants. Elles ont
peur de vieillir, mais l'accepte, continue à préserver leurs
apparences.
- Elles vont refaire une photo
annuelle toutes les trois, comme autrefois, sur le lieu de
leur pâtisserie aujourd'hui disparue, rasée par le promoteur
successeur.
-
Sous la forme d'un huit clos, seuls les
changements d'espaces sur scène délimitent les épisodes de la vie de
ces pâtissières, qu'elles se remémorent depuis l'espace retranchée de
leur maison de retraite.