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Mise en scène, chorégraphie, scénographie : Raimund Hoghe Collaboration artistique : Luca Giacomo Schulte
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Durée : 1H20
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"Danseuse de Maurice Béjart, Ornella Balestra danse une pièce virtuose et joueuse que lui propose Raimund Hoghe. Ornella Balestra – dont le parcours aux côtés de Maurice Béjart n'est plus à décrire – est une de ces danseuses qui incarnent au plus haut point le mélange d'intensité et de rêverie propre à la danse de Raimund Hoghe ( ). Dans Canzone per Ornella, le chorégraphe entremêle pour sa danseuse les textes de Pier Paolo Pasolini et les musiques des pièces déjà traversées et celles qu'il reste à parcourir, jouant de sa capacité à jongler entre virtuosité et divertissement, présence sibylline et figure cinématographique." |
La cour du Cloitre Célestins est remplie de monde, se sont vendus les derniers billets avant la représentation. Sur la scène dans l'ombre tandis que nous nous installons sur les gradins éclairés, la forme noire d'un petit homme âgé tenant quelque chose comme un transistor s'avérant être une boite remplie d'eau, marche pieds nus de long en large, divaguant sans but avec cet objet serré dans les mains à mi hauteur du corps, comme le font des personnes âgées un peu perdues dans le jardin ou la cour d'une maison de retraite. Ce ne sera pas un spectacle qui suivra, mais une sorte de performance artistique, sur un terrible ratage, un naufrage, couvert de musiques et de chants diffusés. Le naufrage de personnes autrefois connues et applaudies, tombées dans l'oubli et la décrépitude, n'ayant plus qu'un horizon limité comme ce lieu de pierres sous arcades, avec des plus ou moins âgés, plus ou moins décrépis, pour uniques compagnons de solitude. Nous sommes, les plus de 50 ans, venus voir Ornella Ballestra dont le nom a bercé notre enfance, lorsqu'elle était première danseuse du grand Chorégraphe Maurice Béjart. La mise en scène n'accordera pas beaucoup l'occasion à la mythique danseuse étoile, pourtant toujours mince avec de la grâce et de l'allure, jambes et pieds musclés perchés sur de vertigineux talons noirs, habillée d'une robe de soirée noire, d'enlever à la fin ses talons, et d'entreprendre quelques vrais pas de danse classique, qui ont été ceux de toute sa vie. Ces quelques figures de danse, de plus, exécutées pour nous faire penser, dépassées à notre époque. Raison pour laquelle la danse d'aujourd'hui, n'en garde que de courtes figures et s'inspirent surtout de mouvements issues de la vie ou d'objets, quotidiens, pour représenter des idées et des sentiments mimés et répétés, avec un résultat tenant aussi de l'acrobatie et du théâtre. Il y aura divers et parfois beaux, poignants, morceaux de musiques et chansons, parfois un peu ridicules, comme un chant latino impromptu, qui décide la danseuse étoile figée jusqu'alors, n'ayant bougé que ses mains, suffisamment il est vrai pour évoquer le vol lent d'un oiseau, nous faire imaginer toute la beauté que peut avoir la danse suivant qui l'incarne, à bouger tout son corps, entamant des mouvements sur cette danse rythmée, désuète et aussi ordinaire. En accord avec le coté déchu et ringard assumé des précédentes scènes, ou le petit homme agissant comme un valet auprès d'elle, à endossé après lui avoir proposé les siennes, des lunettes de soleil qu'ils ont portés tous les d'eux, pour un bain de soleil sous la lune, assis loin l'un de l'autre, la grande dame en noir emmitouflé d'un châle. Le petit homme qui s'était alors déguisé en femme, s'est mis ensuite à esquisser de dos des pas de danse, ce qui était terriblement pathétique et ridicule. Comme pour décider la grande dame à faire ce qu'on attendait d'elle, qui a fait sa réputation prestigieuse. C'est à la suite de cela, que la dame s'est mise pieds nus, robe relevée, s'élançant vraiment sur la piste, pour quelques courtes pirouettes trop rapidement arrêtées, sur l'angle d'une des colonne de pierres des arcades.
mardi 24 juillet 2018
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(les textes sur les pièces, pendant la durée du Festival, sont susceptibles de légers changements)