Le grand Mochélan revient à Avignon,
après un magnifique "Poumons Noirs" en 2013 joué à la Manufacture
lors du Festival, avec "Le Grand Feu", hommage à Jacques Brel, dont Mochélan à l'incandescence, la voix extraordinaire, la présence
indéniable. Mochélan est aussi un acteur (il exécute un vrai jeu
théâtral à la fin), tel que l'était Brel sur scène dans ses
interprétations. Mochélan le rappeur sait tout chanter, on
aurait eu plaisir à entendre plus d'interprétations de chansons de Brel, d'un Brel
joyeux qui existe aussi, telles les prenantes réinterprétations inventives
jouées au piano, accompagnées d'une machine à sons digitale par Rémon Jr,
qu'on entends pour quelques morceaux, aux sons excellents, envoûtants.
L'habillage scénique de ces morceaux est époustouflant.
Par des jeux de films, d'images, qui s'intercalent entre les
artistes, ils se trouvent, environnés d'arbres qui poussent de façon
accélérés jusqu'à devenir une foret. Dans laquelle se trouve maintenant le canapé sur lequel Mochélan est son complice
musicien Rémon Jr, discutent de leur travail. Le rappeur est fâché
contre son metteur en scène, qui lui a parlé surtout lors de leur
dernier rendez vous, d'un cocktail (mondain) où il allait se rendre
après...
Le début du spectacle est emballant, on est ailleurs, en bonne
compagnie, avec un sens sociétal, ce qu'il faut d'humour et de poésie,
dans le texte notamment, avec des images en sur-impressions sur la scène
et le chanteur, dont celles d'une machinerie à rouages en 3D, ainsi que d'autres images vidéos, tel un clip, dans une technicité
paraissant encore jamais vu au théâtre.
- Pour le poète chanteur slameur, auteur,
être sur scène doit lui permettre de s'exprimer, de donner son point de
vue sur le monde, conscient face à ceux qui nous grugent (dont les politiques).
Il veut se présenter au public, dire d'où il vient (Charleroi), ce qu'il
est, ce qu'il pense, ce à quoi il croit. Il s'appuie pour ce spectacle
sur les textes de Brel. C'est son fils de sept ans, dit-il, qui lui a
donné l'idée de ce spectacle, lorsqu'en en voiture il lui a demandé
d'écouter une cassette du chanteur.
- Outre des chansons de Jacques Brel qui lui paraissent
emblématiques, un peu plus spéciales, authentiques, qu'il interprète en
se les appropriant, Mochélan chante des chansons écrites par lui-même,
proches de l'univers, la façon de voir les choses, de les dire, de
Brel, Le spectacle se finit sur une chanson, le sublime
"l'inaccessible étoile" chanté par le grand Jacques, c'est superbe,
les deux artistes, et nous même, l'écoutons religieusement; car Mochélan
n'a pas lui même chanté
celle-là, si belle, devant nous.
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- Décidément, Mochélan est un personnage à connaître, qu'il ne
faut pas rater quand on peut le voir, pour découvrir ce qu'il
propose, dans une mise en scène affirmée, très différente à
chaque spectacle, explorant d'autres horizons.
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- dimanche 14 Juillet 2019
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