Festival 2022
 
Théâtre, comédie à partir de 8 ans
Seuil de tolérance
de Frédéric Sabrou
Cie Le Théâtre du Passeur

Mise en scène : Armand Eloi

Scénographie : Ophélie Mettais-Cartier
Assistée de : Teresa Bartolomeo

Interprètes : Isabelle Hétier, Gauthier Fourcade, Malik Amraoui

Musique : Héloïse Eloi-Hammer
Lumières : Rodolphe Hazo

Présence Pasteur
13 Rue du Pont Trouca
(donne dans la Rue Thiers, prés de la Rue Guillaume Puy)

21H45
du 7 au 29
relâche les mardi 12, 19, 26 Juillet 2022

Durée : 1H20

Réservation : 04 32 74 18 54 / 07 89 21 79 44

 

 

A  découvrir, si on veut avoir la chance de voir une pièce de vrai théâtre de boulevard intelligent, actuel, bien vu sous tous ses aspects, avec une comédienne aux faux airs de Marie-Anne Chazel, drôle et attachante dans son rôle capital, en dame "perchée" (dixit selon leur hôte) qui a sauvé d'un élevage délictueux, des poules, dont elle en  garde trois dans sa cuisine (l'une vient de pondre un oeuf !), et Gauthier Fourcade, son mari dans la pièce (qui joua tant d'années au Festival Off ses propres pièces dans les années 2000), ainsi que, c'est incroyable !, voir peut être l'auteur dans la salle, de cette pièce que je jurerais avoir vu jouée à Paris diffusée à la télévision, et il me semble ayant pu faire l'objet d'un film...
Les acteurs sont formidables, réparties, intonations pour faire rire naturellement, mimiques juste ce qu'il faut pour qu'on croit à leurs sentiments divers, et un texte parfaitement clair et rythmé, comme un moment de vie réelle, sans temps mort, mises à part les coupes de l'histoires, lire une lettre, sorties des uns et des autres, passer d'un jour à un autre. Les décors, composés d'une foule d'éléments, pour rendre un appartement charmant pimpant, désuet comme une maison de poupée, faisant penser à un jardin sans le voir. Une allusion drôle est faite à l'art contemporain, à travers une fausse cheminée faite en tubes assemblés sur un socle, et transportée comme une oeuvre au milieu de la cuisine pour qu'on ne risque pas de la dérobée subrepticement...   Les lumières, du matin et du soir, sur le séjour avec plusieurs espaces, et de plus petites, renouvellant les lieux. L'histoire est dans la tradition théâtrale, et de notre époque par les faits et personnages.
 
Un couple dont le fils est parti pour un long séjour à l'étranger, accueille; non une jeune Italienne comme prévu, mais un jeune homme d'apparence (pour eux) Islamiste. Ils s'en méfie, malgré leur coté bobo. Ils font des erreurs de psychologie, vexant le taciturne barbu...
L'affaire s'expliquera avec une montée en puissance presque thriller, jusqu'au dénouement inattendu et crédible (et sans drame). Un des comédien demande après les saluts, de garder celle-ci secrète si on parle de la pièce, afin d'en garder la surprise ! Tout au long, les reparties, les discours et suppositions font mouche, avec humour et un rire franc, pour représenter l'état d'esprit, des uns et des autres.
 
Il y a une gradation de la méfiance de la part du couple hébergeur, toujours traitée avec l'humour d'une comédie de théâtre de boulevard, et de détails ancrant dans la vie d'aujourd'hui, cette base intemporelle de dramaturgie, chez ces gens familiers des luttes pour les droits humains,  manifs, défense des animaux. Dans un milieu culturel et ouvert, baigné tout de même de l'actualité des médias qui incitent à avoir peur de certains physiques et provenances. Face à leur "locataire" mutique, devenu menaçant dans sa posture lors d'une discussion entre l'hébergeur et l'hébergé sur la religion (donnant lieu à une scène de sketch, le barbu devenant agressif face à ce sujet de discussion qu'il trouve inadéquat), leur inquiétude, d'un peu irraisonnée, devient de plus en plus légitime. Jusqu'à les décider de quitter les lieux...
S'il faut trouver une morale, à l'histoire, selon Malick, le Bruxellois de Molembeck recu, qui fait peur : "la religion est une affaire personnelle, ancrée dans la vie des musulmans, qui pour les modérés l'interprète comme prodiguant le respect de chacun", explique-t-il. Balayant les études avec lectures de pages du Coran par l'hébergeur lettré discutant, auquel il avait renvoyer quelques pages de la bible jugée similaires, d'une manière frôlant l'agression.. Est-il bien dit -par l'hébergé-, que les religions érigées comme dogmes, lois obligatoires, divisent les gens au lieu de les rassembler ? Il poursuit en disant qu'étant donné que pour les musulmans la religion est une loi, il ne faut pas leur parler de religion, lui-même se présentant comme Belge, n'aurait pas l'idée d'aller chez des amis (d'une autre origine physique que lui), et de leur parler d'emblée de religion..." Ouf on y arrive ! Il trouve qu'il a été accueilli bizarrement à cause de son allure.. En l'occurrence c'était finalement aussi il faut le dire dans un second temps, a cause de  son attitude d'évitement. Et il s'avère au bout du compte qu'il n'a pas un profil innocent.
Du pur spectacle, avec une trame émaillée d'actualités, rire et suspense, milieu agréable, avec une critique, peut être cachée dans l'affiche, pour quelqu'un qui connaît l"époque d'une fameuse chanson de Souchon (censurée aujourd'hui)... sur la peur d'autrui dans un certain milieu. Une affiche qui autrement, résume bien, le seuil de tolérance de néos-bobos, défenseur du bio et de l'entraide (jusqu'à un certain point).
(...)
juillet 2022

 

 

               Pitch :

"Michel, lecteur pour une maison d’édition, et sa femme Alice, brocanteuse, habitent un bord de mer tranquille. Ils ont contacté une agence pour loger une étudiante italienne pendant une semaine. Mais quelques temps plus tard, lorsqu’on sonne à la porte, Michel découvre, non pas une étudiante italienne, mais Malik, un jeune musulman de Bruxelles, barbu et taciturne, tout à fait inquiétant. Michel et Alice s’efforcent de faire bonne figure et de n’avoir aucun préjugé, comme leurs convictions les y incitent, mais ce garçon est de moins en moins rassurant. Qui ont-ils réellement accueilli chez eux ? L’actualité nous rappelle sans cesse les ravages du racisme. Elle nous rappelle également le danger que nous font courir les intégrismes religieux, et singulièrement l’islamisme. Ce ne sont pas les discours bien-pensant qui nous libèrerons de la peur de la violence, ni les leçons de morale, souvent assénées à des publics déjà convaincus, qui feront disparaître nos préjugés. Le théâtre, par l’effet de catharsis, peut nous purger de nos passions tristes et nous aider à trouver la voie étroite d’un humanisme lucide et bienveillant. Frédéric Sabrou, qui croit comme Rabelais que «mieux est de ris que de larmes écrire» nous offre une comédie qui ose traiter d’un sujet grave avec les armes des meilleurs divertissements. J’ai été totalement séduit par son «Seuil de tolérance», qui m’a fait rire sans démagogie, et réfléchir sans cuistrerie.
Ceux qui connaissent les spectacles à l’humour fin et poétique de Gauthier Fourcade comprendront pourquoi il nous a rejoint sur ce projet, aux côtés de la très subtile Isabelle Hétier, et d’un Malik Amraoui époustouflant de vérité dans son personnage ambigu. Convaincu que les situations les plus drôles se jouent avec le plus grand sérieux, j'ai retrouvé en les dirigeant le bonheur que j’ai eu à mettre en scène Georges Feydeau.
La pièce, construite avec la rigueur et l’efficacité des meilleurs vaudevilles, se déroule dans le cadre de la maison de Michel et Alice, que cette dernière a meublée avec des objets de récupération collectés dans le cadre de son métier d’antiquaire. À l’image de ce personnage notre décor fait d'éléments récupérés, s'inscrit dans cette nouvelle tendance d’une scénographie qui allie sobriété et esthétique.
Armand Eloi, metteur en scène"

 

 

Coproductions : Sésam'Prod,  Parnicis,  Choublawa's Pont et Canal 33,

Soutiens : de la Spedidam, du Fonds Sacd, Théâtre Avignon,

Fonds de soutien Avignon OFF et du FONPEPS.